Critique d'En beauté de Hoon Kim

La semaine dernière, j'étais au salon Livre Paris. Je n'y consacrerais pas d'articles, pour la simple raison que j'y suis allée en temps que lectrice et non comme blogueuse, et que par conséquent je n'ai pas de remarques, ni mêmes de photos. Cependant, cet événement placé sous le thème de la Corée du Sud m'a permis d'alimenter ma bibliothèque de livres asiatiques.
J'ai notamment acheté "En beauté" de Hoon Kim. Oui, la couverture mentionne, elle,  un Kim Hoon : j'ai en effet fait le choix d'écrire le nom de cet auteur dans l'ordre occidental (prénom puis nom).
Vous avez peut-être également remarqué que beaucoup d'auteurs ou de personnalités sud-coréennes ont Kim pour patronyme. Cela n'a rien d'étonnant : Kim qui signifie or en coréen est porté par 25% de la population.


On pourrait presque parler de nouvelle pour "En beauté" puisque le récit ne se développe que sur quatre-vingts pages.
L'histoire commence avec la mort de la femme du narrateur, atteinte d'un cancer, et s'étend sur la semaine qui suit le décès. L'avancée du roman se fait de manière assez anarchique pour le lecteur dont les repères temporels sont quelque peu obscurcis par les très nombreuses ellipses et digressions. Au milieu de ce brouillard, le personnage principal étonne : s'il peut paraître détaché, il est quand même quelque peu angoissé par l'évènement  puisqu'il ne peut uriner pendant plusieurs heures.
Notre héros décrit avec de fortes descriptions franchement dégoûtantes les détails du traitement de sa femme. Le sentiment de gêne, de mal-être, de dégoût qu'il fait naître durant ses passages influence la lecture de l'ensemble de l'oeuvre. Nous sommes écoeurés de la cupidité de son dirigeant qui ne lui accorde même pas un congé de deuil, de l'arrivisme de ses collègues, de la superficialité de cet univers où seuls l'apparence, le paraître comptent.
J'ai interprété la thèse de l'auteur comme étant la suivante : derrière nos masques sociaux, notre société organisée et nos belles structures se cachent des animaux. Des animaux dont la nature bestiale a été enfouie par notre développement mais jamais effacée.
J'ai beaucoup pensé à l'Etranger de Camus en lisant "En beauté" : non seulement je trouve que l'auteur coréen évoque, certes d'une autre manière que Camus, l'absurde, mais le personnage principal qui dès le premier chapitre dit que "Maman est morte" me rappelle réellement Meursault. On retrouve chez cet homme jamais nommé, ce même sentiment de détachement vis-à-vis d'une société hostile, ce même type d'esprit marginal et détonnant.

Courez lire "En beauté" car si l'on sort de cette lecture éreinté par des descriptions si naturalistes qu'elles en deviennent presque abjectes,  ce bref récit provoque chez tout lecteur un sentiment de révolte qui le pousse à vivre différemment.

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